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Aux sources du reggae de Denis Constant a été publié en 1982 aux Éditions Parenthèses Collection Épistrophy, et a été réédité plusieurs fois en 1986, 1991, 1993 et 1996. Le livre est un recueil de 8 feuilletons parus dans Jazz Magazine entre décembre 1979 et septembre 1980 (n°281, 282, 283, 284, 285, 286, 288 et 289). L'époque à laquelle ces textes ont été écrites donnent, outre leur contenu bien sûr, un intérêt particulier à leur lecture, puisque c'est à cette période que le reggae devient une véritable mode en France avec l'arrivée de vinyles de plus en plus importants et régulièrement tout droit sortis des presses jamaïcaines et britanniques.

En 1979 Denis Constant est déjà chroniqueur pour Jazz Magazine – ainsi qu'à L'Humanité Dimanche – pour qui il écrit des articles consacrés au jazz et aux musiques situées à ses frontières. Constatant une production grandissante de musique jamaïcaine, le magazine lui donne pour mission de rendre compte de l'actualité du reggae dans ses colonnes. Ainsi, Denis Constant s'y attelle et par une analyse fine, plutôt réservée aux spécialistes il faut en convenir, débordant sur le sociologique, explique et démontre le comment du pourquoi du reggae. Présentant les mouvements musicaux qui lui ont donné naissance en les situant par rapport à l’histoire de la Jamaïque, des musiques des marrons (esclaves fugitifs) aux musiques religieuses, en passant par le mento ou le calypso. Il nous invite à écouter et à comprendre comment dans un contexte socio-historico-politico-culturel la musique jamaïcaine, mêlée à des apports nord-américains, est née avec le ska puis le rocksteady pour accoucher du reggae à la fin des 60's. Délaissant délibérément le succès européen, nord-américain et africain grandissant du reggae à l'époque où sont écrites ses lignes, Denis Constant fait une véritable démonstration musicologique centrant son propos sur la Jamaïque et les Jamaïcains –insulaires ou émigrés en Grande-Bretagne – ce en mobilisant les instruments classiques de la monographie : l'analyse très riche et instructive du contenu des textes des chansons ; la sociologie des sociétés en voie de développement notamment la place du ghetto suburbain et des phénomènes religieux déviants démontrant l'influence du mouvement rastafari, perçu comme forme récurrente d'un millénarisme noir, dans le reggae ; enfin, la politologie avec la musique reggae considérée comme vecteur de captage des réseaux d'influence des ghettos par la classe politique petite-bourgeoise.


L'auteur définit ainsi le reggae comme un véritable mouvement musical à part entière ce qui en 1979 pouvait être perçu comme fantaisiste et farfelu depuis la France, malgré la popularité de Bob Marley et de son message. Mettant en concordance les mutations sociales de la société jamaïcaine et en particulier les effets de l'arrêt de l'émigration sur une île connaissant une urbanisation accélérée, la prégnance des modèles culturels étrangers (soul américaine) et de la tradition antillaise, religieuse (kumina, pocomania) et musicale (calypso, mento), Denis Constant caractérise le reggae comme une forme musicale au fort pouvoir symbolique exprimant une ambivalence culturelle : l'attirance envers les États-Unis (déjà à l'époque!), liée au refus d'une certaine forme d'organisation sociale de la Jamaïque et, dans le même temps, « la valorisation de la culture jamaïcaine historiquement constituée. »

 

Pour plus de détails consulter Roots Me Roots #1, 2022.

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